Guidelines Hybrides Remontants
Pierre Lauwers

Charles Lefevre Qu'est-ce que c'est?

- Au départ, une catégorie fourre-tout, crée par défaut pour ranger tout ce qui ne pouvait plus être classé dans les catégories existantes à l'époque de Rosiers remontants soit:

- Portland
- Bourbon
- Chinensis et Thé.

D'où beaucoup de confusion dans la documentation d'époque.

En épluchant la littérature existante et en observant ceux de ces rosiers que j'ai chez moi, j'ai pu les classer en cinq lignées. Nous les décrirons dans un instant. Mais d'abord, qu'ont en commun tous ces rosiers, et pourquoi s'y intéresser?

- Ce sont des arbustes pour la plupart, assez encombrants. Il existe aussi des buissons, mais aucun ne convient pour les massifs et les mixed-border. Parmi les pourpres surtout, il y a assez bien de grimpants.

- Ces rosiers datent d'une époque où la sélection et l'hybridation commençaient à relever de méthodes scientifiques, avec beaucoup de tatonnements. Les obtenteurs ne se préoccupaient que de la fleur et pas du reste, le port, les maladies etc. Heureusement, ils sont partis de parents extrèmement bons et ces rosiers, mis à l'épreuve de nos jardins, aujourd'hui, font preuve de grandes qualités:

Baron Girod de l'Ain et clematis Margot Koster- La beauté exceptionelle de leurs fleurs, grandes, très doubles, le plus souvent très parfumées à l'exception de 'Baroness Rothschild' et sa descendance. En fait,on pourrait définir ces fleurs comme classiques, déjà plus tout à fait anciennes comme des fleurs de rosier Gallique ou de Damas, pas encore modernes comme celles des Hybrides de Thé.

- Sous mon climat en Belgique, les Hybrides remontants font mieux que les Hybrides de Thé. Ceci pourrait être vrai dans des régions comme la Colombie-britannique, l'état de Washington, l'Orégon, et l'île du sud de la Nouvelle-Zélande, entre autres. En Europe, les Hybrides remontants ne souffrent guère d'un temps frais et pluvieux, sauf les boutons de certains, qui peuvent pourrir. Ils souffrent par contre par temps chaud. Mais ici il y a un mystère, parce qu'en Californie, en Australie du sud et du sud-ouest et en Afrique du sud, les mêmes variétés sont capables de survivre dans des vieux cimetières sans entretien durant de longues années. Ceci est déroutant, et les raisons certainement complexes. L'hérédité de ces rosiers, dont le capital génétique est très vaste, et beaucoup de facteurs environnementaux, doivent interagir. Donc, les Hybrides remontants sont idéaux pour les climats frais, mais si vous habitez dans les régions mentionnées ci-dessus, n'hésitez pas à les essayer aussi. Robert Edberg, qui a cultivé des roses anciennes depuis 1942, a cultivé avec beaucoup de succès les Hybrides remontants suivants en Californie, USDA zone 10: 'Paul Neyron', 'La Reine', 'Anna de Diesbach', 'Baronne Prévost', 'Mrs. R. G. Sharman-Crawford', 'James Bougault', 'Gloire Lyonnaise', 'Mme Verdier', 'Comtesse Cécile de Chabrillant' et 'Gloire de Ducher'. Ces variétés peuvent être recommandées pour les régions chaudes, mais il est important de garder à l'esprit qu'il n'est pas garanti que ce qui marche chez le voisin le fasse aussi chez vous. Beaucoup sont, chez nous, plutôt faciles à cultiver si on respecte leurs besoins particuliers:

- Un sol riche (ces grands arbustes sont gourmands!)
- Du soleil le matin et le soir, mais un peu d'ombre aux heures chaudes; pour les pourpres, impérativement la mi-ombre
- De la place. Ces rosiers détestent la concurrence! L'idéal c'est qu'on puisse "en faire le tour".
Ils n'ont pas leur place en massifs ou en mixed-border.
- Pour la plupart d'entre eux, une taille longue, en conservant un maximum de tiges; si vous les taillez comme des Hybrides de Thé, vous aurez quelques longues tiges raides avec une fleur au bout!
- Ces rosiers comptent parmi les remontants les plus rustiques; au 19ème siècle, ils résistaient aux-25° qui ont parfois sévi à Paris.

'Jules Margottin'Pourquoi ont-ils eté oubliés?

- C'est l'effet de balancier: de 1850 à 1900, on ne vendait quasi que des Hybride remontant ensuite, la mode s'est emparée des Hybrides de Thé et ils ont été "mis au purgatoire". Aujourd'hui encore, beaucoup de spécialistes n'aiment guère ces rosiers; mais pour nous amateurs d'aujourd'hui, avec notre goût d'aujourd'hui, ils sont "les rosiers à grosses fleurs" par excellence.

Quels sont les inconvients des Hybrides remontants?

1)- L'encombrement! Ces rosiers ne conviennent pas pour les petits jardins, ou alors 1 ou 2.

2)- La gourmandise: sol riche, apports réguliers de compost et / ou humus pour rosiers (cher!)

3)- Leur emplacement doit être bien choisi, surtout l'exposition. Il ne faut pas mettre ces rosiers près d'un mur, ou là où l'air ne circule pas. S'ils ont trop de soleil aux heures chaudes, ou soif, on aura du marsonia et de l'oidium.

4)- Les pourpres, qui comptent parmi les plus beaux et les plus précieux de tous les rosiers rouges, sont sensibles à la rouille. Cette maladie ne frappe pas tous les ans. Il faut surveiller de temps en temps le dessous des feuilles et arroser et / ou pailler de temps en temps. Cette précaution réduit le risque d'oidium également.

5)- Du point de vue de la remontance, les Hybride remontants se situent exactement entre les rosiers non-remontants comme les Galliques, par exemple, et les rosiers modernes à floraison continue. Après une riche floraison en juin, on aura un rappel en septembre, mais bien souvent dès le 15 mais est-ce un inconvénient en Belgique?

General JacqueminotQuelques dates; les cinq lignées.

Le premier Hybride remontant est 'La Reine', 1842. Parents inconnus.

De ce rosier descend toute une lignée: entre (beaucoup) d'autres: 'John Hopper', 'Baroness Rothschild', et 'Jules Margottin'. Presque tous sont roses, plus quelques sports blancs.

En 1846 apparaît 'Géant des Batailles', un enfant de l'important Chinensis 'Gloire des Rosomanes' (1825) et peut-être de la 'Rose du Roi', un Portland de 1815, ou un de ses sports. De là, un grand nombre de rosiers pourpres, voire parfois presque noirs, inégalés aujourd'hui dans le genre et aussi pour le parfum: entre autres, citons 'Général Jacqueminot', 'Eugene Fürst', 'Baron Girod de l'Ain', 'Baron de Bonstetten', et 'Fisher Holmes'. Ces rosiers doivent être cultivés à mi-ombre, voire carrément dans un arbre coté ombre. (Pas un chêne mais plutôt un pommier!)

Le rosiériste anglais William Paul, dans The Rose Garden (1848), écrivit que 'Géant des Batailles' était un grand pas dans la bonne direction, vers l'obtention de fleurs combinant le rouge exceptionnel de 'Gloire des Rosomanes' à une plus grande duplicature. Il précisait avoir essayé lui-même des semis de 'Gloire des Rosomanes', sans jamais obtenir des fleurs plus doubles. Cinq ans après, cet avis visionnaire aura des suites. Cliquez ici pour en savoir plus, ainsi que sur le nom Rosomènes.

En 1859, de l'union d'un Hybride remontant issu de 'La Reine', 'Jules Margottin' et d'une rose Thé, 'Safrano', apparaît le premier Hybride remontant a avoir reçu un apport Thé: 'Victor Verdier'. Il est à noter que 'Safrano' était le père. Dès qu'on utilisera la rose Thé comme mère, on obtiendra des Hybrides de Thé. Quelques exemples: 'Paul Neyron', 'Ulrich Brunner', 'Etienne Levet', et 'Captain Christy'. La plupart sont roses, quelques blancs et quelques rouges clairs.

En 1861 apparaît 'Charles Lefebvre', qui mèle 'Victor Verdier', le premier Hybride remontant influencé par la rose Thé, et Général Jacqueminot, issu de 'Gloire des Rosomanes'. Ici aussi, toute une lignée. A suivi, don't il ne reste plus beaucoup de chose dans le commerce, essentiellement 'Charles Lefebvre' et 'Souvenir du Docteur Jamain'.

La dernière lignée apparaît en 1900, de l'union d'un rosier issu de 'La Reine', 'Merveille de Lyon' (un sport blanc de 'Baroness Rothschild'), pollinisée par un des premiers Hybrides de Thé, 'Mme Caroline Testout'. Ce rosier, encore aujourd'hui une des plus belles roses blanches, c'est 'Frau Karl Druschki'.

Ce rosier sera lui-même la mère de toute une série de rosiers: 'Ruhm von Steinfurth', 'Candeur Lyonnaise', 'Heinrich Münch' et 'Georg Arends'. Le dernier pourrait être ce 'Goldene Druschki' Qu'on voit à l'Haÿ-les-Roses, daté de 1936. L'histoire des Hybride remontant va donc de 1842 à 1936, quasi un siècle, pendant lequel des milliers de variétés ont été obtenues.

Qu'en reste-t-il aujourd'hui?

Dans le commerce, pas grand-chose. Toutefois certains spécialistes en proposent encore, le Champion d'Europe étant la maison Schultheis avec 70 variétés. Quant au champion du monde, c'est la pépinière Vintage Garden's dans la région de San Francisco en Californie, avec pas moins de 144 variétés. A la Roseraie départementale du Val-De-Marne à l'Haÿ-les-roses se trouvent 477 variétés; en Allemagne, au Rosarium de Sangerhausen, il y en a 465.

Ce lien vous dirigera vers un article sur les Hybrides Remontants, des roses à proteger (en anglais) (à RosaRosam)
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photograph de 'Baron Girod de l'Ain' et clematis Margot Koster 2002 copyright Pierre Lauwers
chromolithographs de 'Charles Lefèvre', 'Jules Margottin', et 'Général Jacqueminot': Les Roses, Jamain et Forney 1873 (courtesy Daphne Filiberti)
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© 2002 Pierre Lauwers
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